Les semences sont un préalable indispensable au développement des protéagineux. Or, celles-ci souffrent d’un déficit de recherche. Quelles en sont les raisons ?
Un semencier fait de la recherche pour améliorer les variétés existantes dans différentes espèces (blé, soja, cultures légumières etc.). Pour les protéines végétales, un effort de sélection est réalisé sur les aspects qualitatifs (teneur en protéine, qualité organoleptique, …) et agronomiques (tolérance aux maladies, résistance aux conditions stressantes) de la semence. Aujourd’hui, la génomique permet une meilleure connaissance des caractéristiques des plantes et une amélioration de l’efficacité de la création variétale. Si elle permet d’accélérer les croisements, il lui faut cependant 7 à 8 ans pour créer une variété. Travail de longue haleine, la recherche sur les semences est coûteuse et s’inscrit dans la durée. Le travail des semenciers est par ailleurs incertain : ils doivent anticiper la demande tout en n’ayant aucune certitude quant à sa réalité future. Ils doivent ainsi sans cesse s’adapter et anticiper les volumes à produire pour l’année suivante.
« L’évolution climatique et la diminution des produits phytosanitaires sont de vrais défis pour les semenciers » explique Franck Piloni, chef marché en légumes secs chez Lidea Seeds. Avec ses plus de 2000 collaborateurs, ce semencier du Sud-Ouest à l’ancrage territorial fort a la particularité de proposer une offre très élargie en espèces disponibles : maïs, tournesol, colza, céréales, soja, sorgho, fourragères, plantes de service et légumes secs. Son objectif : répondre aux besoins des agriculteurs et des filières en phase avec les attentes sociétales pour améliorer la performance des exploitations agricoles.
Le Plan Protéines, amorcé par le plan France Relance en décembre 2020, a déployé 100 millions d’euros pour soutenir la filière. L’enjeu est triple : réduction de la dépendance aux importations de matières riches en protéines (notamment le soja importé), amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages à l’échelle des exploitations, des territoires et des filières et développement d’une offre de produits locaux en matière de légumes secs (lentilles, pois chiche, haricots, fèves, etc.).
Parmi les semenciers qui travaillent à répondre à ces enjeux, on pourra nommer l’Autrichien Saatbau, un semencier multi-espèces de 500 salariés, qui se développe également dans le bio depuis une quinzaine d’années. « Dans ce contexte d’augmentation de la demande et du plan de soutien à la filière, les efforts de sélection que nous menons dans les protéines végétales depuis de nombreuses années ont été confortés voire revus à la hausse. » explique Jean-Philippe Courreau, manager produits au sein de Saatbau. L’enjeu est en effet de taille : il faut aux agriculteurs une culture qui leur permette de dégager des marges.
Les défis du 21ème siècle sont nombreux pour les semenciers, qui doivent à la fois être créatifs, innover en considérant l’ensemble des problématiques actuelles et considérer leur travail au regard des débouchés attendus par les agriculteurs et les consommateurs via les entreprises agro-alimentaires.